A changer
Publié : 03 October, 2020

Exclusif : Maamou N'diaye brise le silence sur ses photos

« Vais-je continuer à me mentir, continuer à célébrer chaque fête du 02 octobre en prenant de jolies photos pour vendre du rêve aux gens, pendant que ma réalité est tout autre ? », s'interroge-t-elle.

Contrairement aux millions de guinéens, Maamou N’diaye se démarque ! Elle a voulu fêter autrement l’an 62 de l’indépendance de la Guinée le 2 octobre dernier. Loin des festivités étourdissantes et de la fanfare, la jeune demoiselle âgée d’une vingtaine d’années a préféré prendre des photos sur lesquelles, on l’aperçoit sereinement au milieu des tas d’ordures, des routes défectueuses de Conakry et auprès d’un forage avec des bidons jaunes de 20 litres.

Mais quel message a-t-elle voulu faire passer à travers ses clichés inédits qui font le tour des réseaux sociaux depuis vendredi soir ? SITANEWS© est allé à la rencontre de cette demoiselle en haute banlieue de Conakry. Lisez ! C’est une exclusivité !

Salut ! Tu vas bien Maamouu ? Bon Bha, on fait avec ! Tes photos font le tour des réseaux sociaux. Tu n’es pas étonnée ? Je suis étonnée mais pas surprise, puisque la majorité des Guinéens se reconnaissent dans leur quotidien à travers ces photos. Je ne pensais pas quand même qu'elles allaient être aussi partagées sur la toile. (Rire) Qu’est-ce qui t’a motivé à prendre ces photos et les publier sur internet ? À la base, je voulais prendre des photos en tenues traditionnelles pour célébrer la fête de l'indépendance de mon pays. Mais au matin du 02 octobre, j'ai été contrainte de puiser de l'eau au forage pour remplir des bidons de 20 litres pour mes besoins. Une fois à la maison, je me suis posée cette question : Vais-je continuer à me mentir, continuer à célébrer chaque fête du 02 octobre en prenant de jolies photos pour vendre du rêve aux gens, pendant que ma réalité est tout autre ? Je me suis dit non, cette fois, au lieu de fêter l'indépendance, je vais plutôt fêter ce que je vis au quotidien. Voilà !

"En Somme, ce sont des images pour des mots contre nos maux".

À travers ces photos, tu as donc voulu faire passer un message aux guinéens ? Justement ! C'est un message que j'ai voulu faire passer. C'était la meilleure façon pour moi de réclamer mes droits et de me faire entendre à travers ces images. Célébrer l'indépendance de son pays c'est bien beau, mais la réalité aussi est là, et on ne doit pas la négliger. Puisque c'est le quotidien des Guinéens. En somme, ce sont des images pour des mots contre nos maux. Tes photos ont pris une allure « inquiétante » sur la toile. Est-ce que tu crains quelque chose ? Et si c’est à refaire, oseras-tu ? En toute honnêteté, je ne crains rien. Je crois bien que nous sommes dans un État de droit et de liberté d'expression. Alors, j’estime que je n'ai rien fait de mal. J'ai juste montré ce qui est réel. Je me demande vraiment pourquoi notre réalité énerve autant les gens. Si c'est à refaire, je le referai sans doute. Et si le fait de dénoncer les tares de notre société pourrait aboutir à un quelconque changement, j'en serai vraiment fière. Est-ce que tes images ont un lien avec la campagne présidentielle qui bat son plein actuellement en Guinée ? (Rire). Non ! Jamais je n'ai aucune appartenance politique. Je suis juste une citoyenne guinéenne lambda qui célèbre l'indépendance de son pays à sa manière.

"Si on a su dire Non aux colons blancs,  pourquoi ne pas leur montrer par des résultats concrets et visibles qu'ils ont eu tort de nous coloniser".

Selon toi, cette indépendance a-t-elle un intérêt particulier pour la jeunesse de Guinée ? La vérité, tout le monde veut l'entendre mais personne ne veut la consommer. Voici 62 ans que la Guinée est indépendante mais jusque-là, il y’a rien comme progrès, toujours la même cadence. C'est une indépendance assumée mais caractérisée par le désespoir, la pauvreté, la misère, la famine et le chômage. Si on a su dire Non aux colons blancs,  pourquoi ne pas leur montrer par des résultats concrets et visibles qu'ils ont eu tort de nous coloniser. As-tu quelque chose à ajouter sur tout ce qu’on a évoqué ? Pour finir, je remercie SitaNews de m'avoir permis d'élucider certaines choses par rapport à cette situation. Ensuite, je souhaite pour les années à venir pour la Guinée, le changement tant espéré. Merci N’diaye ! C’est moi qui vous remercie. Par SITANEWS©, Conakry
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