Christine Salem, chanteuse, musicienne et compositrice, était en concert à l’Espace Django à Strasbourg, le 13 novembre 2025 au cours duquel, elle a rendu un vibrant hommage à la musique de son île, la Réunion.
Compte rendu de Rita Stirn,
Envoyée spéciale pour Sitanews
Christine Salem, icône du maloya, s’est fait connaître au Festival Sakifo, un moment festif et fédérateur qui a lieu chaque année, depuis 2004, sur l’île de la Réunion. Elle avait déjà joué à Strasbourg lors du Festival des Nuits Européennes. Désormais, elle est une artiste habituée des scènes internationales. Son nouvel album, intitulé La Réunion, créé avec un orchestre au féminin, oscille entre tradition créole et musiques urbaines contemporaines.
L’esprit du festival Sakifo est de mêler publics et musiques. Dès sa première édition, la programmation affirme un ancrage dans la musique traditionnelle de l’île avec le maloya et le séga, tout en invitant des artistes des îles voisines comme Madagascar, Maurice, les Comores, ainsi que du continent africain, et des musiques indienne, saharienne et française.
Artiste autodidacte, Christine Salem s’imprègne du maloya dès son jeune âge et assiste à des concerts de cette musique traditionnelle, spirituelle et symbole de révolte, qui la fascine. Comme elle le confie, elle est passée de la rage face au rejet et à la discrimination de sa culture d’origine à l’amour de son identité réunionnaise. Elle apprend la guitare et les instruments traditionnels, côtoie des artistes populaires comme Danyel Waro et s’engage dans l’interprétation du maloya, musique née de la fusion d’apports afro-malgaches, et aussi danse. Chanté en créole réunionnais, il retrace l’histoire de l’esclavage, les pratiques ancestrales, les joies et peines de la population insulaire. Christine Salem fait immédiatement du maloya son identité et son militantisme artistique.
Vidéo utile >> https://youtu.be/k0Lp7K7W8K4
Elle accueille le public strasbourgeois pour un voyage musical à la Réunion. Son chapeau rouge vif attire l’attention, et les quatre musiciennes qui l’accompagnent offrent une variété d’instruments, de sons et de rythmes marquant les étapes du parcours. Christine Salem accompagne son chant du kayamb, instrument traditionnel fabriqué en hampes de fleurs de canne à sucre remplies de graines. Les morceaux présentent le kabar comme moment de partage et le service kabaré en hommage aux ancêtres. Sa voix grave, puissante et chamanique exprime douleurs et communion. Elle explique ne pas avoir fréquenté d’école de musique, ayant appris à chanter dans la rue. Elle connaît sa terre et lui rend hommage avec sincérité et conviction, fondement de sa musique. Chanteuse traditionnelle à ses débuts avec seulement voix et guitare, dotée d’un charisme évident, elle évolue vers la diversité musicale. Elle rencontre ses musiciennes actuelles au festival de Rochefort, et en 2023 naît un groupe féminin. Un nouveau projet musical en découle, concrétisé par l’album La Réunion.

Le kayamb, instrument de l 'île de la Reunion. Photo : Wikipédia
Ce soir, Christine Salem dialoguait avec son public, l’impliquant en responsorial, dans un échange spontané. Les musiciennes ajoutaient l’harmonie vocale, créant une ambiance joyeuse. Les morceaux s’enchaînent sans temps mort, accompagnés du kayamb. La voix, souvent a capella au début, nous fait pénétrer un rituel de blues avec paroles répétées, tonalité grave et rythme ternaire. « Elle a su provoquer un moment d’immersion dans la musique de son île », commente MariJane, connaisseuse de la Réunion et spectatrice.
Regardez cette vidéo >> https://urls.fr/8d3m9r
Arrive une phase électro où Christine Salem quitte le micro pour rejoindre ses musiciennes en percussionniste. Les solos de la guitariste Fanny, de la percussionniste Anne-Laure et d’Héloïse, réunionnaise à la batterie, réjouissent le public qui chante et danse. Christine Salem déclame ensuite une chanson avec le refrain « Je vis », résumé de ses choix, de sa voix et de sa musique. Une belle conclusion riche en émotions.
Au fil de sa carrière et de ses albums, Christine Salem, chantant en créole, français et anglais, prouve son originalité et son innovation. Elle évolue dans trois formations différentes et expérimente de nouvelles formules, comme le Diskobole Orchestra avec 19 musiciens, dont saxophonistes, trombonistes et trompettistes. Elle intervient aussi dans les écoles, fait la promotion de la fabrication d’instruments traditionnels, et se réjouit que le maloya soit désormais enseigné au Conservatoire de la Réunion. Nommée Chevalier des Arts et Lettres, elle est promise à une longue carrière musicale au-delà des mers et des frontières.
À voir >> https://youtu.be/YHDjP9QPGws
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Maloya- Wikipedia
YouTube Un avant-goût de l’album « La Réunion »
YouTube : album Merci
YouTube : “Komor Blues”
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