A changer
Publié : 15 May, 2020

Sortie il y a 23 ans, la compile « Rap-Koulè » disparait...

Le Rap-Koulè est la toute première compile du mouvement rap en Guinée enregistrée en 1996 avant d’être dédicacée une année après.

23 ans passés, on entend plus ce classique du hip-hop guinéen dans les transistors : ses chansons totalement écartées des playlist des animateurs radio - cette compile est introuvable dans les magasins de disques ou K7 - ses coupures de presse presqu’inexistantes. Encore moins, la plupart des MC’s ayant participé au projet ont disparu de la scène. C’est le même coup de massue qu’a subi la compile « Tribunal Hip-Hop » qui a fédéré autant de jeunes troglodytes de Conakry en 98’. Alors, plus d’héritage, plus de repère. Un lourd tribut que paye aujourd’hui, la nouvelle génération du rap guinéen. Tout est désormais importé : tendances musicales, styles, feeling et peu d'originalité. Triste réalité !
Le Rap-Koulè a été enregistré dans le studio de l'Alliance Franco Guinéenne à Conakry, par l'ingénieur KEMPÈSS, sous la direction de feu Souleymane Diouf "BUILDING". Cette œuvre musicale était ce que représentaient les albums « Doggystyle »  de Snoop Dogg, « Thug Life » et « R U Stille Down » de Tupac aux États-Unis en termes de succès. Ce qui ont vécu ces époques ultra-intenses sous la forte fièvre du rap peuvent bien en témoigner.
Le Rap-Koulè a marqué l’histoire du hip-hop africain en réalisant des chiffres de ventes astronomiques. Cette K7 fut le piédestal et le plinthe solide du mouvement hip-hop du continent, galvanisé par des rappeurs bien prêts en termes d’écriture. Ça ne rigolait pas.
On peut également citer les groupes Kharémens, Kill-Point et bien d’autres qui furent des acteurs majeurs de MRK. C'était un grand mouvement porté par la jeunesse en vendetta avec le du régime Feu Lansana Conté. Ce qui faisait comprendre une certaine frustration dans les verves et textes posés sur des beats façonnés par KEMPÈSS et BUILDING. Le succès du Rap-Koulè fut immédiat et signe l’envol de beaucoup de jeunes artistes de Conakry.
« Les sons du Rap-Koulè ont disparu c’est vrai. Triste et minable réalité (...). Mais quelques titres subsistent encore dans le téléphone de certains mordus de cette époque. On doit ici reconnaître qu’en ce moment, la conservation des oeuvres n'était pas encore ni connue, ni développée... ». Nous a confié, RAS Condel qui a participé à ladite compile avec son groupe Raisonnable Djely.
Le Rap guinéen occupait une place importante
Malgré les conditions très fastidieuses dans lesquelles les albums étaient produits, la Guinée s’était taillée une place de choix au soleil : en Afrique de l’ouest, elle occupait la deuxième place après le Sénégal et la quatrième dans le monde en termes du nombre de groupes qu’elle enfantait, derrière la France, les États-Unis et le Sénégal. [Source : Fédération Internationale de Hip-Hop]. Conakry était devenue la capitale du rap panafricain grâce à l’authenticité de ses œuvres et ses gros festivals comme « Rap Aussi » piloté par la maison Contacts Évolutions de Malick Kébé.
De passage, nous rendons hommage à certains pionniers du rap ouest-africain, un mouvement qui a émergé dans les années 90 : Positive Black Soul (PBS), Daara J Family au Sénégal ; Bill De Sam, Légitime Défense, Kill-Point (Guinée), des rappeurs ayant arpenter des grandes scènes internationales.
Constat
Au fil du temps, le Rap africain perdait beaucoup de ses précurseurs surtout en Guinée. Par exemple, le groupe Kill-Point qui fut le chef de file du mouvement, a abandonné très tôt le navire en plein milieu de la mer. Ce qui pourrait être une grosse déception pour des générations futures. Contrairement au Sénégal qui a toujours gardé ses ténors du mouvement aux sentinelles comme Didier Awadi, reste encoreau top. Ce qui a permis depuis près de 40 ans au rap du pays de la Téranga, une bonne santé.
En Guinée, le pire est que la deuxième vague du mouvement qui devait reprendre le flambeau et continuer le chemin, n’a pas pu résister au récif du temps. Après leurs compiles à succès comme Saga Hip-Hop (Vol1 en 1999 et Vol2 en 2006), Béni Compile (vol1 et vol2), la quasi-totalité des rappeurs ont raccroché le micro au profit d’autres activités peut-être plus bénéfiques. Et nombreux ont préféré s’exiler comme Methodik, Alkebulan, Gandal Foly, Légitime Défense, etc. En réalité, le grand mouvement Hip-Hop guinéen a manqué de suivi.
Peut-on l’en vouloir ?
Le marché de disques guinéen connaît depuis près de deux décennies, une récession catastrophique. Cela a favorisé la fermeture de toutes les grandes maisons de production et de distribution dans le pays : Contacts Évolutions, Gris-Gris Productions, Amasif, Super Sélection etc. Le phénomène de la piraterie est aussi venu tout chambouler sous l’œil impuissant des autorités en charge de la protection des créations artistiques. Toutes ces réalités ont sans doute contribué à la descente aux enfers du mouvement rap guinéen. Même si nous pouvons encore compter quelques rescapés des deux premières générations sur le bout du doigt : Masta G, Phaduba, Silatigui (version séparée), Degg J Force 3, Sagnolik, Duuda Inchallah, etc.
Les talents naissent après 1999
De nouveaux talents pullulent en Guinée dans les années 2000 mais qui ont hérité  d’une belle histoire discontinue des aînés. Djanii Alfa fraichement révélé, souhaite rétablir de l’ordre avec les petits frères dans le Game sans pourtant avoir besoin peut-être, des aînés comme Bill De Sam (leur récent clash en fait foi).
Takana Zion moins âgé que son succès reggae, se dévoilait. Dans le temps, il conquit avec brio son pays, avant d'escorter son talent vers les pays africains et de l'Europe. Ses disques comme « Zion Prophet » (2007), « Rappel à l’Ordre » (2009), « Rasta Gouvement » (2011), « Kakilambé » (2012), « Good Life » (2016) ont connu un succès très remarquables.
Banlieuz’art, Instinct Killers, Singleton, Steeve One Locks, King Alasko ; Gwada Maga et autres, grattent dans la même direction.
D’autres jeunes sans connaître probablement leurs repères, tombent aveuglément dans le Game avec des tonnes de clash : Louny, MC Fresh, Ganamakah, Albert Keckson etc.
Le Rap Guinéen a une histoire et dispose encore ses témoins oculaires en vie.
Quelques liens importants. Cliquez !
https://www.youtube.com/watch?v=0ESUKeJrhJc
http://: https://www.youtube.com/watch?v=Ktlrn69qti0
http://: https://www.youtube.com/watch?v=3hh-wmPeI60
https://www.youtube.com/watch?v=QzAMC2ywSH8
https://www.youtube.com/watch?v=iXh51i7oRr0
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