A changer
Publié : 08 November, 2021

Bill de Sam ministre de la culture... fait-il l’unanimité ? 

En Guinée, l’ancien rappeur Alpha Soumah (Bill de Sam) vient d’être nommé ministre de la culture, du tourisme et de l’artisanat. Ce décret ayant déjoué moult pronostics jeudi soir, fait-il l’unanimité dans la sphère culturelle du pays ? Qu’est-ce qui a pesé ? Connu pour son succès en tant que rappeur dans les années 90 et 2000 - détenteur d’une maîtrise en langue - consultant, gestionnaire web et contenu multimédia - homme politique et amoureux de l’agrotourisme, Bill de Sam est-il le bon profil ? Quel regard portent les professionnels du milieu de la culture sur ce choix ? Lisez illico, in extenso des avis ! 
Tidiane Soumah, PDG des Productions Tidiane World Music : « Je suis mieux placé pour parler de Bill de Sam pour avoir eu la chance de le connaître en tant qu’artiste, d’avoir sorti ses albums et d’avoir eu la chance de tourner avec lui. Dans la vie réelle, j’ai connu l’homme sérieux qui malgré l’envie de faire de la musique, n’a jamais abandonné les études. Dans la pratique du terrain, je pense qu’il a beaucoup plus évolué au niveau du tourisme qu’au celui de la culture. C’est ce poids (tourisme) qui a pesé. Je suis sûr que depuis la fin de ses études, il s’est investi dans le tourisme dans son village natal à Samaya (Kindia). C’est un homme intègre, un homme lucide qui n’est impliqué dans aucun clan. Je suis le plus heureux du choix de Bill de Sam. En termes d’équilibre et pour apaiser tout le monde, Bill est un bon choix. Maintenant, sa victoire dépendra de son ouverture d’esprit aux professionnels aguerris, de son accompagnement par des vrais connaisseurs du terrain. Il ne doit pas s’amuser avec le choix de son équipe. Il doit savoir mobiliser les compétences et les sensibilités. Pour moi, le choix de Bill de Sam, c’est le baromètre pour mettre la balle à terre et permettre à toutes les compétences d’intervenir. Le choix de Bill de Sam est le meilleur choix possible. »
Ibrahim C, président de la Fédération des entreprises culturelles et économiques de Guinée (Feceg) « Je pense que c'est une bonne chose d'avoir nommé un acteur qui vient du monde culturel. De ce côté-là, nous sommes satisfaits vu que, cela a été une de nos demandes au Président de la Transition. Pour le profil, à priori il est bon. Maintenant, c’est dans l'action que nous serons complètement rassurés. Nous estimons que Bill de Sam est un bon choix et nous sommes disposés à l'accompagner à réussir sa mission. »
Al Souaré, patron de Nord Sud Communication : « Il est activiste politique certes mais, il a été aussi artiste. Il a vendu le tricolore guinéen dans le monde. Il a bercé les premières heures du rap guinéen. Il a vendu la culture guinéenne. Donc, aujourd’hui qui mieux qu'un acteur de ce milieu pour piloter les réformes de ce secteur. Après, il ne faut pas lui faire un jugement sur la personne mais, il faut le laisser à l’œuvre simplement et faire ses armes avant de commencer tout de suite à rentrer dans la critique, parce que personne ne fait l’unanimité. On jugera le travail qui sera accompli par Bill De Sam. A côté de ce jugement, il ne faut pas lui demander monts et merveilles. Il ne faut pas lui exiger des miracles et de la magie, parce que, nous sommes dans une période exceptionnelle. Et ce n’est pas dans une transition qu’on va changer ce qui n’a pas été changé en 63 ans, je pense qu’il va faire ce qu’il peut faire. »
Rahim Diallo de Téra Music : « C’est déjà une bonne chose que ce soit quelqu'un du sérail. Ce que l'on souhaitait ardemment. J’espère qu'il aura les coudées franches pour poser les bases nécessaires à l'essor du secteur. Ce qui reste clair pour moi, c’est qu'on est dans une transition. Et le plus important, c’est de dessiner les contours de ce qui va être le chemin pour la culture. Il faut apporter de véritables réformes dans toutes les directions ; améliorer la gouvernance et la gestion des droits d'auteurs. Le Bureau Guinéen du droit d'auteur (Bgda) a besoin d'être repensé. Ensuite, réorganiser profondément la direction nationale de la culture et l'AGS même. »
Abraham Camus Camara, animateur culturel : « C’est une opportunité, une première dans la sphère administrative. Les défis sont énormes certes, mais avec l'ouverture d'esprit, il posera des actes. Mon conseil à Bill, c'est de pouvoir rafraichir les différentes directions par des responsables à mener le combat, sachant qu'il connaît bien le secteur. Bref, être en avant garde. Par sa position activiste et artiste, il est très attendu. »
Macka Traoré, patron de la structure Mack-Team : « Je souhaite surtout qu’il soit l’homme de la situation. Qu’il réussisse cette mission qui va nous rendre tous heureux en tant qu’acteurs actifs de la chose culturelle. Durant des années, nous avons souhaité que la culture soit gérée par un acteur et non forcément par un simple politique. Et cela est acquis avec cette nomination d’un artiste engagé et transversal. Alors oui, à cause de son expérience, sa connaissance du milieu et de sa légitimité, je suis certain que c’est un bon choix. »
Salim Souaré, animateur culturel et patron de la structure Vision Pub Guinée : « Oui, je pense que c’est un bon choix en ce sens que c’est un technocrate, il a une maîtrise dans le domaine de la culture et de l’agrotourisme. Et vu son combat et son engagement ces derniers temps, je pense que c’est un bon profil pour ce poste. »
Aly Bongo LENO, journaliste culturel : « Une chose est claire et nette, le Ministre Bill n'est pas un novice du secteur. Il est dans son élément, dans son monde. C'est un rappeur qui a marqué sa génération. Il est universitaire et a une bonne expérience de la vie. Son parcours en dit long. Le tourisme n'est pas aussi un milieu étrange pour lui car, il y a quelques années, il avait investi dans ce domaine à Kindia.
C'est un artiste, homme de média, de communication et activiste. S'il se fait bien entourer par des hommes et femmes de confiance, professionnels et qui maîtrisent le secteur, le Ministre a une forte chance de réaliser de bons résultats. À lui de démontrer son leadership, son savoir-faire, sa bonne maîtrise des affaires, surtout éviter les préjugés, faire des consultations avec ses cadres en place et ceux du secteur privé pour tirer le meilleur profit. La réussite du Ministre Bill de Sam dépendra aussi de tout le soutien moral, matériel et financier des plus hautes autorités. »
Propos recueillis par Sitanews©
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