Photo : DR
25 January, 2025

Festival Ogobagna : le Pr. Adégné Pierre Togo lève le voile sur la 10e édition

 

La 10e édition du festival culturel Dogon « Ogobagna » aura lieu du 27 janvier au 2 février 2025 à Bamako. Véritable porte-étendard de la belle diversité et de la riche culture Dogon, le Festival Ogobagna est devenu un événement incontournable dans le calendrier culturel du Mali. Le président du Comité d'organisation, le Professeur Adégné Pierre TOGO, était au micro de Mory Touré pour dévoiler les points forts de cette 10e édition.

 

 

Bonjour Monsieur, votre festival est devenu important, pour ne pas dire incontournable, dans le paysage culturel et l'attente est grande pour chaque édition. Déjà, pouvez-vous nous donner les grandes lignes de cette 10e édition ?

 

Pr. TOGO : « Nous avons prévu de réaliser de nombreuses activités. Premièrement, nous avons prévu d'agrandir l'espace de la foire d'exposition et commerciale. Nous sommes passés de 160 stands à 200 stands. Ensuite, nous avons créé un espace spécifique pour les enfants où nous ferons la transmission de connaissances dans le cadre de la modernité et de la tradition.

 

Cet espace comprendra des jeux, des activités sportives, des courses de pirogue et nous organiserons également de nombreuses conférences de sensibilisation sur des thématiques comme la migration irrégulière, le mariage traditionnel, etc. Ces conférences seront animées par des spécialistes. »

 

La thématique "Tradition et modernité, la santé, la culture, l'environnement et l'architecture au service du développement" est transversale. Quel est l'intérêt de vouloir démontrer que cette diversité est vitale pour le patrimoine que vous défendez ?

 

Pr. TOGO : « Ce thème porte sur plusieurs domaines et spécialités transversales. Nous avons deux notions, le traditionnel et la modernité. L'objectif est de faire un dialogue pour retenir du moderne ce qui est bon, et du traditionnel ce qui est bon, afin d'en faire un modèle de transmission des connaissances aux générations futures. Cette transmission portera sur des domaines tels que la santé, l'éducation, l'architecture, la culture, etc.

 

La meilleure façon de sauver le patrimoine est de l'enseigner, de le transmettre, puis de le protéger et le promouvoir. Nous sommes dans cette phase de transmission des connaissances et du patrimoine culturel aux générations futures. »

 

Peut-on dire sans se tromper que votre festival est dans une démarche de résilience totale ? Nous savions que vous aviez décidé de délocaliser le festival à Bamako en raison du contexte socio-politique que vit notre pays depuis quelques années.

 

Pr. TOGO : « Ce festival est né d'un constat réel. De 2012 à 2014, nous avons observé que le conflit armé et l'insécurité dans le nord et le centre paralysaient toutes les activités économiques. Il n'y avait plus de foire, l'artisanat était en perte de vitesse, la culture commençait à être totalement détruite. 

 

Comme il n'y avait plus d'activités socio-économiques, la fréquentation des centres de santé et de l'école avait également baissé. Nous nous sommes alors posé la question : que peut-on faire à Bamako ? C'est ainsi qu'est née l'idée du festival. C'est une forme de résistance à cette agression, cette guerre qui nous a été imposée. 

 

Créer un festival ici à Bamako, c'est ouvrir un marché pour les artistes et les artisans du centre et du nord du Mali. C'est pourquoi nous n'admettons que les produits localement fabriqués, les produits de l'artisanat malien et africain sur notre site de foire. Nous avons aussi voulu créer un espace pour les artistes, la culture et le sport, et transmettre cette connaissance culturelle à nos enfants.

 

C'est une occasion pour les enfants nés à Bamako, qui n'ont jamais été dans d'autres régions du Mali, de découvrir les modes de vie, les méthodes de résolution des conflits et de transmission des connaissances de leurs parents et arrière-grands-parents. Oui, c'est une forme de résilience. »

 

Cette édition vient à point nommé, l'année est déclarée Année de la culture. Quel peut être l'apport d'un festival comme OGOBAGNA en cette année de culture, tout en sachant que vous êtes d'un bastion potentiellement riche et culturellement ?

 

Pr. TOGO : « OGO, ça veut dire le roi, BAGNA c'est la calebasse du roi. Et culturellement, chez nous au pays de DOGON, pendant la période d'agriculture, toutes les activités culturelles d'enseignement et de transmission sont arrêtées. Il n'y a que la production agricole qui est faite. Et à la fin de cette production agricole, on va aller cueillir tout ce qu'on a eu comme grains.

 

Après la récolte, on met les produits de la récolte dans une calebasse et on vient remettre cette calebasse au roi. Quand on donne cette calebasse au roi, le roi donne l'autorisation de commencer toutes les activités festives, les activités culturelles, les activités de transmission de connaissances et les activités culturelles. Et quand vous avez vu que le président de la transition a décrété cette année comme Année de la culture, en pays Dogon, comme son nom l'indique, ce serait l'une des premières activités à être menées pour cette année de culture.

 

Donc nous allons donner le feu vert pour cette Année de la culture pour les Maliens. Nous invitons tous ceux qui sont de la culture, tous les amateurs de la culture, tous les Maliens, tous ceux qui font la foi et tous ceux qui veulent résister contre cette nouvelle façon de nous dominer, à venir nous aider pendant toute une semaine pour émerveiller Bamako, son environnement et toute l'Afrique. Avec toutes les activités que nous avons citées précédemment. »

 

Mory Touré 

Pour Sitanews

 

Partager sur :