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Publié : 01 October, 2022

Ouverture du Festival Jazz au Chellah 2022

C’est parti pour la 25e édition du festival Jazz au Chellah (du 29 septembre au 2 octobre) à Rabat, la capitale marocaine.
Par Rita Stirn-Wagner, auteure et journaliste musicale pour SitaNews/PHOTO : ©Cécile Laroche-Coignet

[caption id="attachment_21417" align="alignnone" width="2560"] PHOTO : ©Cécile Laroche-Coignet[/caption]
Le Jazz au Chellah est une initiative de rencontres entre des groupes de musique du Maroc et de l’Union Européenne pour l’expérimentation d’une fusion sur la scène du Chellah.
Cette soirée d’ouverture met à l’honneur le Gnaoua Jazz lors du concert de Majid Bekkas qui est non seulement le directeur musical marocain dudit festival, mais aussi un représentant international du Gnaoua Jazz comme soliste au guembri dans son groupe Majic Spirit Quartet qu’il a créé et concrétisé dans un album en 2020.
[caption id="attachment_21420" align="alignnone" width="1024"] PHOTO : ©Rita[/caption]
Les remparts et la porte magnifiques du site antique du Chellah laissent à nouveau entrer la musique après deux ans de silence le jeudi 29 septembre 2022. En première partie, le groupe Arifa, dont les membres représentent l’Allemagne, les Pays-Bas, la Bulgarie et la Hongrie, rencontre le duo marocain Soukaina Fahsi et Aziz Ouzouss qui font revivre un des instruments traditionnels marocains, le ribab.
Puis, c’est l’entrée en scène de Majid Bekkas que le public de Rabat connaît bien car Majid entretient un lien de proximité avec son public non seulement en étant domicilié à Salé, la ville voisine, mais en se produisant régulièrement sur les scènes de Rabat, notamment celle du Jazz club le Pietri fondée par Driss Benabdallah.
[caption id="attachment_21418" align="alignnone" width="2560"] PHOTO : ©Cécile Laroche-Coignet[/caption]
Majid Bekkas est une figure musicale incontournable au Maroc. Depuis 1995, il est le directeur musical en binôme avec Jean Pierre Bissot de Belgique d’un festival à Rabat, dont le concept est une fusion maroco-européenne. Pendant le confinement, Majid Bekkas a produit deux albums, celui qu’il présente ce soir pour la première fois, et un autre intitulé African Oriental Jazz en trio avec ses fidèles compagnons en musique que sont le pianiste allemand Joachim Kuhn et le batteur espagnol Ramon Lopez sur son label Igloo.
Le Magic Spirit Quartet réunit des musiciens du Danemark, de Suède et de Hollande avec Goran Kajfes à la trompette, Jesper Nordenström aux claviers et Stefan Pasborg aux percussions. Côté marocain, Majid Bekkas à la guitare mais aussi au guembri (instrument à corde gnaoua) et au oud (luth arabe) est entouré des musiciens gnaouas de la famille Chaouki qui jouent des qraqab, des cymbale métalliques typiques de la percussion gnaoua, dont on dit que le son rappelle le bruit des chaines au pied des esclaves.
https://youtube.com/shorts/SAq5Q8PPQLE?feature=share
Un autre membre du groupe n’est originaire ni du Maroc ni d’Europe mais du Bénin, Joseph Bessan Kouassi, installé à Rabat depuis des années, qui est un maître des percussions béninoises.  Cette formation pourrait s’appeler le Majid Spirit car Majid Bekkas intègre non seulement l’esprit gnaoua représenté par les voix et les instruments tels que les qraqab et le guembri qu’il joue en soliste mais aussi le Gnaoua Jazz dont Majid Bekkas est le pionnier. Il a acquis au fil des années une réputation et une reconnaissance internationales.
Le grand pianiste afro-américain, feu Randy Weston, que Majid Bekkas a connu et fréquenté comme musicien lorsque ce dernier avait décidé de vivre au Maroc, sur les conseils de son père qui lui avait dit de jouer la musique de ses racines. Randy Weston a trouvé ses racines africaines auprès de la confrérie des gnaouas dont il a étudié les chants et les rythmes auprès des maalems (maîtres) gnaouas de Rabat et de Tanger, il est à l’origine de la création du Festival Gnaoua d’Essaouira et de la diffusion de la culture gnaoua dans le Jazz et les musiques du monde.
[caption id="attachment_21421" align="alignnone" width="2560"] PHOTO : ©Cécile Laroche-Coignet[/caption]
La culture et la musique des gnaouas renvoient à l’africanité du Maroc par ses rythmes et sa spiritualité africaine. L’origine de gnaoua est phonétiquement proche du terme africain désignant la Guinée, une appellation pour les Africains qui circulaient dans le monde arabe à travers le désert du Sahara. Dans la société marocaine, les gnaouas sont considérés comme des guérisseurs de l’âme en jouant une musique qui mène à la transe mais aussi à la libération des maux et des douleurs dont souffrent des femmes et des hommes. Ils sont aussi doués d’un talent physique exceptionnel pour la danse par des rotations qui mènent à la transe et des sauts prodigieux sans élan. Les rythmes gnaouas sont identifiables de suite et les batteurs et percussionnistes européens ont besoin parfois d’un moment d’initiation pour les intégrer dans leur jeu mais le public marocain est parfaitement à l’aise dans ces rythmes qu’il accompagne par des battements dans les mains très diversifiés.
L’esprit gnaoua a soufflé sur le public de Rabat et la soirée d’ouverture s’est achevée dans un bonheur partagé entre les musiciens et leur public. Rabat et ses fidèles festivaliers du Jazz au Chellah sont prêts à revenir les autres soirs. « Tous les concerts sont sold out »,  nous dit Nabila Moussabih, chargée de communication.
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