Patrick PAQUIER
12 February, 2025

Roccassera Quartet, une musique populaire sous influences

       

L’Espace Grappelli, lieu emblématique de la scène de Jazz niçoise, a accueilli le Roccassera Quartet le 7 février 2025. Les compositions originales de ce groupe, allant du Jazz aux musiques méditerranéennes et orientales, du Brésil à l’Afrique, gagnent à être connues au-delà des frontières.


Par Rita Stirn 

Pour Sitanews, France

 

Au départ, Roccassera revendique un ancrage géographique en Occitanie, d’où le choix du nom qui fait référence à « la montagne de la vallée du Paillon, dans le pays niçois, qui regarde les humains se mélanger, se créer et vivre » selon les termes du compositeur du groupe, Jean-Louis Ruf-Costanzo, qui précise qu’à ses yeux, cette terre de frontière est un trait d’union vers l’Italie, la Méditerranée et les côtes africaines.

 

Lors du concert, le public découvre un instrument rare, le mandoloncelle (entre la mandoline et le violoncelle) fabriqué spécialement par un luthier de Marseille, André Sakellaridès auquel le dernier album du groupe est dédié. Jean-Louis Ruf avait coutume d’en jouer en solo de 2007 à 2016 et composa un album solo Courant d’air en 2014, une rareté sur le marché musical !

 

Le Quartet choisit de jouer des extraits de leurs deux albums, Mescla paru en 2019 et Passage en 2024. Sergio Caputo est au violon, Guy Giuliano à l’accordéon et Pascal Reva à la batterie. Le public est emporté par le brio des solistes et applaudit spontanément chaque performance. La Legenda, le Repas, la Ballade pour Denise sont des morceaux qui durent de quatre à plus de six minutes, et nous emmènent dans des périples rythmiques et mélodiques qui attestent d’influences multiples dont un voyage au Brésil avec Sorindo du compositeur Hermeto Pascoal. On enchaine avec Saute mi davant. Suivent les rythmes orientaux du morceau intitulé À cinq pattes, le plus long des morceaux du second album, qui dure quasiment huit minutes. 

 

Le répertoire proposé met chaque virtuose à l’honneur et permet d’apprécier les diverses facettes du jeu du batteur, Pascal Reva. Pour La Valse à tour de Bras et La Valse des saisons, le compositeur Jean-Louis Ruf explique l’origine de la valse musette. La musette était un instrument ressemblant à une cornemuse, joué par des Auvergnats ayant émigré à Paris et apporté leurs mélodies. Les immigrés italiens y ont ajouté l’accordéon, inventé en Allemagne, et les Tziganes ont apporté la guitare et le banjo. « Voilà comment s’est construite une musique identitaire française » dit -il avec humour. Le Vent caroubier est le titre poétique qui fait allusion à un vent qui souffle entre Nice et Villefranche, suivi du Partage de l’eau qui renvoie à des souvenirs d’enfance du compositeur.

 

Les deux albums, interprétés par extraits pour le concert, donnent une place prépondérante aux enregistrements en public avec notamment le membre habituel à l’accordéon, Frédéric Viale. Chaque musicien présent ce soir joue dans diverses formations : en duo ou en quintet pour l’accordéoniste Guy Giuliano ; quant au violoniste Sergio Caputo, basé en Italie, à San Remo, il intervient dans plusieurs formations dont OgGitani. Pascal Reva, le batteur de No Jazz, a fait des tournées internationales et continue ses prestations en concert. Jean-Louis Ruf, qui joue désormais exclusivement du mandoloncelle, est le compositeur de l’ensemble des morceaux et l’auteur des titres.  Il cite le compositeur Darius Milhaud (1892-1974) pour décrire son inspiration : « Je rêve d’une Provence qui irait de Rio de Janeiro à Constantinople ! »

 

En début de concert, Jean-Louis Ruf- Costanzo exprime au micro un sentiment « d’inquiétude, de colère et de déception » face aux nouvelles dispositions prises par le Ministère français de la Culture, qui impliquent la suppression de financement de projets culturels collectifs concernant, entre autres, la présence d’artistes dans les écoles et lycées. L’éveil musical des enfants, la sensibilisation aux métiers de la musique, la défense du spectacle vivant sont fragilisés par ces décisions gouvernementales. C’est un appel lancé au public pour un soutien aux arts de la scène et aux artistes. En attendant, Jean-Louis Ruf garde sa verve musicale et reste fidèle à ses convictions d’artiste engagé en organisant, au mois d’août, la troisième édition du Festival VIRA SOLEU de Coaraze, orienté vers les nouvelles musiques traditionnelles. « Venez résister avec nous » est un slogan du FestivalC’est désormais au public de jouer !

 

Pour écouter le répertoire, voici le lien du site : www.fattoincasa.fr

Photo de mandoloncelle : www.ruf-costanzo.com

 

 

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