@Alif Naaba
13 October, 2025

La créativité du Sahel au cœur des Rencontres Musicales Africaines 2025

 

La capitale burkinabé, Ouagadougou, deviendra le cœur battant de la création musicale africaine à l’occasion de la 8e édition des Rencontres musicales africaines (REMA) du 16 au 18 octobre 2025. Placée sous le thème « Sahel, un nouvel imaginaire créatif », cette manifestation culturelle d’envergure internationale ambitionne de révéler la vitalité artistique et le potentiel économique de la région. Alif Naaba, promoteur des REMA, nous donne les grandes lignes des REMA 2025, qui est devenu au fil des années un rendez-vous incontournable de la musique africaine. 


Par Mory TOURÉ

Temps de lecture : 5 minutes

 

Bonjour Alif, les REMA se font dans un contexte encore particulier à l’image de sa thématique « SAHEL : un nouvel imaginaire créatif ». En quoi ce thème peut-il être, en effet, conciliateur avec l’écosystème de la musique ?

 

ALIF : « Cette année, nous avons choisi de faire les REMA autour du thème Sahel, un nouvel imaginaire créatif, parce que nous avons une zone sahélienne constituée aujourd’hui de dix pays, dont le Grand Sahel, avec le Burkina, le Mali, le Niger, le Cameroun, la Guinée, le Sénégal, la Gambie, le Nigeria, la Mauritanie, le Tchad. Des pays qui ont un condensé créatif important et qui ont marqué l'histoire de la musique africaine. Il était important pour nous de poser un regard sur tout ce qui se passe au niveau créatif dans cette région, et aussi d’analyser les modèles économiques qui existent dans les différents pays, afin de cartographier ce qui existe en termes d’artistes, festivals, labels, événements…  

Ça va permettre aussi à tout acteur, qu’il soit du Burkina, du Sénégal ou de la Guinée par exemple, qui voudrait travailler dans un de ces pays, de disposer de pistes concrètes, d’informations précises, de s'appuyer sur quelque chose qui existe, pour travailler sereinement et efficacement. Voilà un peu la raison qui nous a amenés à choisir ce thème afin de doter les professionnels d’un outil qui donne des indications claires dans chaque pays. »

 

Les REMA innovent chaque année, mais aussi elles proposent dans ce sens : quelles vont être les grandes lignes de cette nouvelle édition ?

 

ALIF : « Comme je l’ai dit, cette édition va mettre en place une cartographie musicale pour les pays du grand Sahel. Mais chaque année, les REMA mettent l'accent sur la formation, les workshops, les ateliers dédiés aux artistes, pour renforcer leurs capacités. 

 

Nous aurons beaucoup d'activités qui vont donc renforcer les capacités des acteurs, comme par exemple les beatmakers que nous avons formés depuis trois ans. Nous sommes à la troisième année avec ces jeunes beatmakers qui aujourd’hui montrent que les formations que nous avons commencées depuis trois ans portent leurs fruits au vu des résultats, parce que ces beatmakers-là aujourd'hui produisent des artistes qui font les stades au Burkina et tournent dans la sous-région. 

 

Nous sommes fiers de voir que le résultat se voit. Nous allons aussi continuer avec des formations sur de nouveaux métiers, notamment des formations sur le digital live creative, c'est-à-dire comment est-ce que le digital aujourd’hui peut contribuer à améliorer le live sans perdre l'originalité. Donc, des questions comme ça vont aussi être abordées. 

 

Nous allons toucher à la question des playlists pour comprendre comment, au niveau régional, on peut partager des expériences sur les playlists qui sont aujourd’hui importantes pour la promotion et le positionnement des œuvres. Nous aborderons par exemple le lien entre musique, digital et environnement, en mettant en place une application qui va aussi contribuer à diminuer un peu tout ce qui est print dans l'événement. »

 

La programmation musicale du grand show et les showcases restent les points focaux. Que diriez-vous sur ces deux événements phares dans le contenu des REMA ?

 

ALIF : « Chaque année, pour nous, c'est important de proposer une diversité créative, de jeunes talents africains qui occupent la scène des showcases.  

 

Cette année, on reçoit des jeunes talents qui vont donc jouer devant les professionnels et devant le public. C'est un petit marché qui permet aux professionnels qui sont là de les découvrir et de créer des contacts pour d’éventuelles collaborations.  Cette plateforme est un tremplin qui aide ces jeunes à bien ficeler leurs rêves, à se donner des opportunités et à se connecter avec le milieu professionnel.  

 

Cette scène reçoit cette année encore dix artistes qui viendront de six pays, des jeunes artistes très bouillants et très chauds, qui vont donc jouer sur la scène des showcases. Ensuite, la grande scène, comme on l'appelle, les REMA Play, c'est une programmation alléchante et très diversifiée également.  

 

Les artistes viendront des États-Unis, de la diaspora, donc des artistes comme Meta et The Cornerstones. Nous accueillerons des artistes comme Afrotronix du Tchad, Yo Maps qui vient de la Zambie, Kedjevara et Syndicat de la Côte d'Ivoire, Neptune du Nigeria, sans oublier Reeman, Toksa et Tania du Burkina Faso.  

 

Cette grande scène des REMA Play est devenue une grande attraction car elle touche un public aussi bien jeune que moyen. Ce qui est sûr, les mélomanes du Burkina Faso seront servis par ce magnifique plateau. »

 

Malgré ce programme riche et varié, des acteurs et artistes traînent encore le pied pour s’accaparer des REMA qui sont un véritable moment du donner et du recevoir. Que diriez-vous encore à l’ensemble de la corporation ?

 

ALIF : « Ce problème est maintenant résolu car les deux dernières éditions des REMA, d'ailleurs très réussies, nous avaient permis d’avoir beaucoup de professionnels.  

 

Donc, nous pensons et sommes convaincus maintenant que les acteurs comprennent l'importance de cette plateforme qui travaille pour eux, et ils viennent suivre les panels. Et nous comptons en tout cas encore cette année sur tous les acteurs pour venir rencontrer les autres professionnels qui viennent des différents pays afin de se connecter et créer des opportunités pour leurs labels, leurs événements.  

 

C’est un combat tous les jours de créer une occasion où les acteurs se rencontrent et font du réseautage, car c’est très essentiel pour une construction sur du long terme. Donc, cette année, nous invitons tous les acteurs à prendre part aux REMA les 16, 17 et 18 octobre, puis à se créer des connexions. »

 

Alif, quel message lancerais-tu à l’orée de cette 8e édition des REMA qui s’annonce encore plus instructive, plus professionnelle et plus festive ?

 

ALIF : « Mon mot, c'est un appel à toute la corporation car Ouagadougou est depuis 8 ans devenu la capitale de la musique africaine. 

 

J’invite tous les acteurs qui feront le déplacement à vraiment passer un bon moment à Ouagadougou. Et puis, ceux qui ne seront pas à Ouagadougou pourront nous suivre sur nos plateformes en direct pour vivre les panels, les échanges. J’invite tous les Burkinabè à sortir massivement pour soutenir leurs artistes, surtout ceux qui sont en programmation.  

 

Vive la musique, vive les industries culturelles et créatives, et mes salutations particulières à nos partenaires et aux médias qui accompagnent les REMA.  

J’invite tout le monde, les 16, 17 et 18 octobre 2025, au Palais des Sports de Ouagadougou 2000. » 

 

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