Dans cette interview, Fatoumata BALLEY partage son parcours, ses motivations et ses visions pour l’avenir. À travers un échange sincère, cette sportive haut niveau nous éclaire sur les défis rencontrés et les clés de sa réussite de sa carrière. Découvrez les insights d’une championne du saut de hauteur. Exclusif !
Temps de lecture : 5 minutes
Vous êtes finaliste du saut en hauteur féminin aux Championnats du Monde d’Athlétisme Tokyo 2025. Quel est votre ressenti ?
« Mon ressenti par rapport à cette finale des Championnats du Monde est multiple. Je ressens énormément d’émotion. Ma première émotion est la joie, le bonheur. Comment ne pas être heureuse d’un championnat du monde alors qu’on n’était même pas attendue en finale ?
Je ressens également beaucoup de reconnaissance pour toutes les personnes qui m’ont soutenue, qui me soutiennent et qui continuent à me soutenir. Je veux citer ici mes amis, ma famille, mes proches et le peuple guinéen.
Je reçois énormément de messages de la part du peuple guinéen. C’est une vague d’amour qui me porte. Je reçois aussi beaucoup de félicitations de la part de ma Fédération et du Comité national olympique et sportif guinéen, qui m’aident et me permettent de représenter la Guinée à l’international. Cela mérite mes remerciements. Donc, oui, de la joie, de la reconnaissance et énormément de fierté.
Évidemment, je suis aussi fière de moi, car je n’ai pas eu un parcours facile, que ce soit personnellement ou sportivement.
Réussir à arriver là où je suis, alors que je n’étais pas attendue en finale, est encourageant. Je me suis qualifiée au repêchage, c’est-à-dire qu’il y a eu des désistements qui m’ont permis d’entrer parmi les 36 qualifiées au championnat du monde. Ensuite, j’étais 33ᵉ sur 37 et j’ai réussi à finir parmi les 16 finalistes. Je me classe 12ᵉ de la finale, ce qui n’est que fierté, bonheur, joie et reconnaissance. »
Vous figurez parmi les 12 meilleures sauteuses mondiales et occupez la 3ᵉ place africaine dans votre discipline. Quelles ont été les clés de votre réussite ?
« Les clés de ma réussite sont d’abord une énorme force de caractère. Je suis quelqu’un de battante. C’est pourquoi on m’appelle aussi « la guerrière ». Depuis toute petite, je me bats. Je me bats contre la vie, pour ma vie, pour être moi-même tout simplement. Je me bats pour ce que je crois juste, pour pouvoir faire ce que j’aime et ne pas subir des choses que je ne veux pas. Voilà, je suis une battante, une guerrière, et quand j’entre sur la piste, c’est un combat que je prends plaisir à mener.
[Photo : DR] Balley en parade
En fait, le plaisir et la force de caractère font partie des clés de ma réussite, mais aussi le fait de bien me connaître. J’ai une grande connaissance de moi-même. Je sais de quoi je suis capable, quels sont mes atouts, quelles sont mes forces. C’est tout cela que j’ai en tête quand j’entre sur la piste, face à des finalistes olympiques et des médaillé(e)s olympiques. Ce que je me dis, c’est : « n’oublie pas qui tu es, n’oublie pas quelles sont tes forces », et c’est ça qui me permet d’être capable de tout aujourd’hui. Je continue à croire en moi et je me rappelle que, rien que le fait d’être arrivée ici, j’ai déjà gagné plus que beaucoup d’autres, car elles n’ont pas mon parcours. Le fait que je sois arrivée ici fait de moi une gagnante, quoi qu’il arrive. En me répétant cela, je pense que c’est ce qui m’a permis de réussir.
Le fait que j’aie réussi là où d’autres n’ont pas réussi, c’est que je suis restée concentrée sur tout ce que je viens de vous dire. C’est cela qui m’a permis de briller, tout simplement. »
Quel est votre rêve aujourd’hui, sur le plan sportif ?
« Mon rêve est très simple (simple à dire) mais pas simple à réaliser. Mon rêve est de ramener la première médaille olympique de l’histoire à la Guinée lors des Jeux Olympiques de Los Angeles dans trois ans. »
Vous avez également participé au concours Miss Guinée France, où vous avez été deuxième dauphine. Pourquoi avez-vous souhaité lier sport et concours de beauté ? Quel message avez-vous voulu transmettre ?
« Effectivement, j’ai été deuxième dauphine de Miss Guinée France 2023. L’élection a eu lieu en octobre 2022, je m’en souviens très bien.
PHOTO 2022_Balley [Élection Miss Guinée France]
Ce n’était pas forcément une volonté directe de lier sport et concours de beauté. Pour moi, c’est juste que très rapidement, j’ai eu un pied dans le sport et l’autre dans la mode. C’est ainsi que j’ai été attirée par le concours Miss Guinée France. J’ai aussi toujours cherché un moyen de me reconnecter à la Guinée. Car j’ai été arrachée à la Guinée et à ma culture à cause d’un grave accident domestique. Cette connexion a commencé par la mode, puis elle s’est renforcée avec le sport.
Le message que je veux transmettre, c’est que nous sommes capables de faire plein de choses, nous sommes multitâches. Si un jour vous avez envie d’être modèle photo et le lendemain championne du monde, pourquoi pas ? Ce ne sont pas deux choses opposées. Ce n’est pas forcément facile à allier, mais c’est possible.
Quand j’ai été élue deuxième dauphine Miss Guinée France, on m’a beaucoup critiquée pour mon physique, car j’étais musclée. On disait que je ressemblais à un homme. Mais aujourd’hui, ce sont ces mêmes personnes, principalement des Guinéens, qui sont très heureuses de me voir représenter la Guinée en tant que sportive.
Donc ce pourquoi on m’a critiquée est finalement ce pourquoi on me remercie aujourd’hui. C’est un beau message : parfois, ce que tu vois comme une faiblesse aujourd’hui deviendra ta force demain. »
Par Sita et I. Soya
© SITANEWS
Copyright © Sitanews. Tous droits réservés Sitanews