Bademba Barry - Le Slameur de l'Ombre
19 September, 2025

Interview – Le Slameur de l’Ombre : « L’album TUNGSTÈNE est bourré de créativité…"

 

"TUNGSTÈNE" est le troisième album du slameur guinéen Bademba Barry (Le Slameur de l’Ombre). L’œuvre est « intemporelle, résistante et innovante, marqué par une évolution artistique majeure », rassure-t-il. L’album inclut chants et divers styles (Kompa, R’n’B, Drill).

 

Après trois ans de travail entre Guinée, France et Maroc, BAD vise une reconnaissance large au-delà du slam, avec une production coûteuse et une communication ambitieuse. Sortie prévue le 30 septembre, l’artiste a bien voulu nous accorder cette interview à Paris. Lisez ! 


Temps de lecture : 5 minutes

 

Quelques années après ton premier album Slameur de l’Ombre, tu reviens avec « TUNGSTÈNE ». Peux-tu nous raconter l’histoire derrière ce nouveau projet ? Quelle est l’essence de cet album, et qu’insuffle-t-il de nouveau à ton slam ?

 

Le Slameur de l’Ombre :


« Effectivement, j’ai sorti un premier album intitulé Le Slameur de l’Ombre en 2020. En 2021, j’ai sorti un autre album, un peu passé inaperçu, compte tenu de la démarche que nous avions adoptée pour le mettre en avant, qui n’a pas fonctionné. Cet album s’intitule Salade de slam et comporte également 12 titres.

 

Depuis la sortie de cet album, j’ai décidé que le prochain devait être costaud, inoxydable, intemporel. Un album qui me confirme comme la référence incontournable du slam en Guinée et en Afrique. D’où le nom TUNGSTÈNE, un élément chimique de numéro atomique 74. "Tung" signifie “lourd” et "Sten" signifie “pierre”, donc “pierre lourde”.

 

C’est un métal très puissant, qui résiste à la chaleur et aux températures élevées. Il est utilisé dans la fabrication de pièces industrielles comme les aubes de turbines d’avions, les centrales à gaz ou les fours métallurgiques. Cela montre à quel point ce métal est non seulement lourd, mais aussi extrêmement résistant et essentiel dans l’industrie.

 

Ainsi, l’album TUNGSTÈNE signifie qu’il est intemporel, résistant, lourd ; c’est un projet qui me confirme comme étant la sommité du slam en Guinée et en Afrique. Mais ce n’est même pas uniquement un album de slam : c’est un album tout court. Il est bourré de créativité. Je me suis permis beaucoup de choses, il dépasse largement mes limites habituelles. »

 

 

En quoi « TUNGSTÈNE » se distingue-t-il de « Slameur de l’Ombre », du point de vue du style, des instrumentaux, des paroles, mais aussi de la dynamique globale ? Peut-on parler d’une évolution artistique ou d’une métamorphose ?

 

Le Slameur de l’Ombre :


« Je dirais les deux en même temps. Il y a eu une évolution artistique, car j’ai pris mon temps. Cet album est en préparation depuis 2022, soit trois ans de confection. J’ai découvert mon propre style dans la déclamation et, au niveau de l’écriture, je l’ai encore affûté, aiguisé.

Quant à la métamorphose, j’ai osé chanter. J’ai expérimenté un style très atypique. J’ai fait de la musique Kompa haïtienne, du rhythm and blues (R’n’B), de la Drill, j’ai exploré un peu de tout. Je me suis surpassé.

 

C’est cela la différence avec Slameur de l’Ombre. Dans TUNGSTÈNE, on ressent de la présence, de la confiance et de la rassurance. Il n’y a pas d’hésitation, pas de limite, pas de doute. Tout est maîtrisé. C’est l’expression extrême de mon art. Le Slameur de l’Ombre que je suis a atteint un nouveau niveau avec cet album. Ce n’est pas la fin : il y aura toujours de l’évolution. Mais c’est le début de l’aboutissement de mon âme. »

 

 

Comment as-tu abordé l’écriture et la composition de « TUNGSTÈNE » ? Y a-t-il des influences particulières, des expériences personnelles ou des réflexions qui ont marqué ce nouveau chapitre de ta carrière de slameur ?

 

Le Slameur de l’Ombre :


« Je porte vraiment cet album dans mon cœur. TUNGSTÈNE est un projet très fort. Ma plume est plus aiguisée, les styles plus particuliers, l’artiste plus confiant, et les messages plus poignants. On y retrouve un peu de tout, y compris de la dénonciation. Nous avons slamé l’amour, ses beautés mais aussi ses douleurs. Nous avons slamé les femmes, les violences, les joies et les peines… bref, l’humanité dans son ensemble.

 

C’est vraiment un nouveau chapitre de ma carrière. Cette fois, j’étais pleinement dans la peau de l’artiste, et non dans celle d’un journaliste avec une fibre artistique. Nous avons pris trois ans pour peaufiner cet album : changer et réécrire des textes, modifier des rythmes, travailler dans divers studios en France, au Maroc et en Guinée, avec plusieurs beatmakers. C’est un travail d’équipe avec une forte direction artistique venue de France.

 

Un autre élément important : nous avons misé sur une meilleure communication et investi un budget conséquent, à fonds propres. C’est un album extrêmement cher, mais au rendu limpide, et j’en suis très fier. TUNGSTÈNE sortira le 30 septembre sur toutes les plateformes de téléchargement légal. C’est un album tout court, un album de classe.

 

J’ai aussi un message pour ceux qui organisent des cérémonies de distinctions : je ne souhaite pas que TUNGSTÈNEsoit nommé uniquement dans la catégorie slam. Je m’attends plutôt à le voir dans la catégorie "Meilleur album" ou "Album d’innovation". Ce n’est pas de l’arrogance, mais un respect dû à ce projet. Quand vous l’écouterez, vous comprendrez pourquoi j’insiste.

 

Mon ambition est grande : viser des disques d’or, de platine, voire de diamant. C’est dans cette folie créative que je me suis engagé, et je crois sincèrement que nous y arriverons ensemble. »

 

Par Sita & Ibrahima Soya

SITANEWS 

 

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