Le reggae man guinéen, Takana Zion, vient de donner l’un des plus « beaux » concerts de sa carrière ! Trois ans après son concert entier au Cabaret Sauvage, le big boss du reggae guinéen revient à Paris et réédite l’exploit. Il mobilise des milliers de fans samedi soir à l’Olympia. Une première réussie !
Ce rendez-vous majeur marque la présentation de son énième album à portée internationale, « Few Words ». Black Mafia, Soulbeats Music et Sunbeats ont assuré la production de ce concert, mené avec promptitude. Mais que s’est-il vraiment passé ce soir-là ? SITANEWS revient sur les coulisses et les temps forts d’un événement qui restera gravé dans la mémoire collective. Revue en détail !
Nous sommes dans le 9e arrondissement de Paris. Il n’est pas difficile de rejoindre la salle mythique de l’Olympia, située au 28 boulevard des Capucines. Dans le métro parisien ou du RER (Réseau Express Régional), on croise déjà quelques fans impatients de rejoindre le concert.
À 17h, le soleil brille encore sur Paname tandis que le public commence à affluer, d’abord en petit nombre. À 18h, des groupes de fans se forment devant l’entrée, qui n’ouvrira qu’à 19h. Hop ! L’heure est venue : les premiers spectateurs pénètrent dans une salle encore vide, tandis que d’autres patientent dehors.
Dans un petit recoin, le long du couloir menant à l’entrée principale de la grande salle, une boutique temporaire a été installée, où les CD de Takana sont vendus. (Voir la photo)
Levée de rideau…
À 20h30, la régie technique lâche le son - monte le décibel et tamise les lumières vives pour laisser place à un éclairage peu feutré. Le MC de la soirée, Kévin First, apparaît en culotte. Il salue le public déjà surexcité, même si la salle n’est pas encore pleine. Petit à petit, l’Olympia se remplit.
Notre curiosité nous pousse à explorer les coulisses. L’ambiance y est détendue : Takana Zion et ses musiciens sont sereins, attendant simplement le moment de monter sur scène. Pendant ce temps, la première partie se poursuit.
C’est DJ Oudy 1er qui ouvre le bal. Il enchaîne ses tubes qui ont fait danser l’Afrique, tels que « Shoumakaya » et « Give Never Up ». Fisk Killa, autre phénomène de la scène urbaine guinéenne, prend le relais et fait monter le mercure jusqu’à son paroxysme.
Tiwony saisit la balle au rebond, ne baisse pas la température et entretient la ferveur du public avec ses titres les plus chauds. Black M, annoncé dans la communication, a brillé par son absence.
Pause « clope » à 21 h 31
C’est la règle dans les salles mythiques de Paris : une pause d’une vingtaine de minutes s’impose. Un moment de répit pour le public, qui en profite pour se désaltérer — et pour la régie technique, qui vérifie ses branchements et ajuste ses réglages du live à la dimension de la star du jour.
Constat : de temps en temps, des cris d’impatience fusent du public : « Zion ! Zion ! Zion ! », scandent les fans, sous la vigilance des agents de sécurité, toujours sur le qui-vive. Eh oui, tout est possible avec le public guinéen, parfois imprévisible. Il fallait donc y veiller au grain.
C’est parti !
Tout est prêt. À 22 h 15, les musiciens de Takana prennent place sur scène. Le public se calme un peu, prêt à vivre ce moment solennel où la musique reggae va résonner avec intensité. Les premières notes du big bandretentissent : la plupart des musiciens viennent de Jamaïque, d’autres ont été recrutés en France. Cette fois, Takana Zion déploie un dispositif orchestral impressionnant : treize (13) musiciens l’accompagnent sur scène. Parmi eux, on reconnaît le sulfureux bassiste Jason Wilson, fidèle compagnon de longue date. Trois guitaristes, un bassiste, deux pianistes, deux choristes, trois trompettistes et un musicien polyvalent montent la garde. Kandia Kora rejoint l’orchestre en fin de set avec sa kora, qui affine les timbres sonores.
Le soundcheck se poursuit, porté par l’énergie communicative des musiciens dans une salle désormais comble. C’est une démonstration de ce que le reggae peut accomplir : unir, guérir et faire triompher le bien sur le mal.
Takana est présenté par son impresario Thierno Salma, alias « TS » :
« Bonsoir à toutes et à tous ! L’Olympia, emblématique et mythique scène de Paris ! Cette salle incontournable, qui incarne les valeurs historiques de la France, accueille ce soir la Guinée avec sa république et son drapeau. Sur cette scène transgénérationnelle de l’Olympia, nous allons assister à la prestation de la star moderne du reggae – l’homme aux techniques vocales dévastatrices – l’artiste à la versatilité musicale et ancestrale – celui qui a élevé le reggae et a su exprimer son existence dans l’essence même de toute chose. Il saisit le microphone et résonne au nom de son peuple, traverse les frontières et conquiert le monde : Mohamed Mouctar Soumah, alias Takana Zion… sous vos applaudissements ! »
Takana Zion fait son apparition avec le drapeau guinéen, sur le titre « Congoh », extrait de son 4e album « Kakilambé », sorti en novembre 2012. Vêtu avec élégance, en deux tons : veste blanche et pantalon noir, les grains de ses locks retombant dans son dos, un petit mouchoir blanc enroulé – comme toujours – autour de l’une de ses mains. Et c’est parti pour près de deux heures d’horloge.
Entre reggae, ragga, dancehall, nyabinghi et même country, Takana conquiert le public ! Il ouvre sa gibecière et passe en revue les grands titres de sa carrière : « Zion Prophet », « Rasta Government », « Good Life », « E Bombo », « Akhônô », entre autres.
L’un de ses anciens morceaux a sans doute fait frissonner la salle : « Conakry », extrait du premier album « Zion Prophet », sorti en 2007. Cette chanson a fait chanter tout l’Olympia et plongé des milliers d’immigrés dans une profonde nostalgie, l’envie ardente de revoir Conakry.
Par la suite, Takana interprète « Sékou Touré », extrait du deuxième album « Rappel à l’Ordre », sorti le 11 mai 2009. Ce titre fait monter la tension dans la salle, la fumée aussi (Rires). [Voir photo]
Le format medley party a permis à Takana de réchauffer beaucoup de ses singles à succès et ses grands titres, triés dans ses collections « Black Mafia vol. 1, 2, 3, 4, etc. ». Ce fut un instant de rappel : « Patan passe », « Samson », « Ggbingbin », « Koue Nasso » ? Comme on pouvait aussi s’y attendre, l’hommage au président guinéen actuel, « Black Congo Général », a également résonné dans l’Olympia.
Un des temps forts du concert fut lorsque Takana Zion a invité ses amis à le rejoindre sur scène : Baara-k, Mooz-By, Fisk Killa, Oudy 1er, Tiwony, Little Guerrier etc….
Ce concert de Takana Zion à l’Olympia fut majestueux. Il est perçu comme une réponse culturelle forte aux aspirations populaires. Il porte haut la voix d’une génération africaine déterminée à s’affirmer sur la scène artistique mondiale.
À travers sa discographie chargée, la profondeur et la pureté de ses messages, le rastaman guinéen incarne l’autodétermination d’une jeunesse qui refuse les assignations et revendique sa liberté de création.
Ce concert marque ainsi une étape décisive dans la dynamique de réaffirmation du reggae africain, ce genre musical longtemps dominé par ses origines jamaïcaines, mais désormais réinterprété et réinventé par une nouvelle vague d’artistes du continent noir, dont Takana Zion est l’un des plus brillants représentants.
Extrait du concert >> https://urls.fr/aeG9x7
Sur la scène de l’Olympia, Mashugui ne se contente pas de chanter. Mangana fait vibrer les âmes, galvanise les esprits et célèbre à la fois ses racines guinéennes et l’héritage universel du reggae. Ce rendez-vous résonne comme un symbole fort pour une jeunesse africaine qui s’est levée, fière de ses cultures et de son histoire, pour chanter son Afrique, berceau de l’humanité.
Consacré « meilleur artiste africain de reggae » aux Victoires du reggae en 2022, Takana Zion poursuit l’écriture de son histoire dans le marbre, mais aussi celle du reggae sur le continent. Sa prouesse à l’Olympia avec son 7 7, son 150 et sa Black Mafia, s’inscrit dans le livre d’or du reggae et illustre l’audace d’une génération qui fait entendre sa voix et affirme sa place dans le concert des nations.
Le concert de samedi soir à l’Olympia n’est qu’un acte de fierté pour toute une nation, portée par un artiste qui incarne l’espoir et le porte-voix sacré.
Par Sita CAMARA
(SITANEWS)
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